Masque
L’art est l’expression formelle de la réalité tribale.
Gabriel Mandel, Arts premiers - Éditions Solar
L’utilisation de supports imprimés (journaux, pages de livres) fait partie intégrante de ces œuvres. Il offre une double lecture. Le texte imprimé devient décor, bruit de fond ou contrepoint historique, tandis que l’image dessinée prend le dessus, comme une voix qui cherche à émerger du tumulte médiatique ou documentaire afin de donner à mon travail une plus forte dimension narrative.
Ma volonté de confronter le passé et le présent s’illustre par cette superposition de couches ; encre et papier imprimé. Je tente de créer une tension visuelle et symbolique entre l’histoire individuelle et l’histoire collective. L’usage du masque évoque l’anonymat, l’incarnation, la transformation et la protection.
Mon souci de la matière - lignes denses, vibrantes, presque organiques - confère à chaque pièce une profondeur tactile, comme si les objets représentés avaient une consistance réelle, presque archéologique.
Le primitif de l’art
Dans un fauteuil de cuir rouge, chaud, au coin du salon, lumière oblique, sous une fenêtre opaque, j’ai retracé la carte de longs voyages. Sans mouvement.
D’un coup de crayon j’ai tracé les chemins.
Porté les bagages d’un campement fictif…
Une tribu sort des buissons de papier.
Échanges de gestes, de liqueurs impossibles et de trophées jamais conçus.
Rien de ce que vous voyez n’existe.
Que de voyages et de découvertes.
Des rencontres et des aventures ; il y en a eu. Oui.
Moite, à travers l’épaisse jungle, séchée au vent des déserts orangés,
suspendue aux falaises verdoyantes d’un Indien d’Océan.
N’avons-nous pas vécu, n’avons-nous pas rêvé ?
Le trait, primitif, d’une culture de salon, d’une amarre en voyage,
devient le plus beau des rêves, le moins flou.